Intégrer une société secrète n’est pas chose aisée. Jusqu’au 26 février 2012, le musée d’art contemporain de Bordeaux (CAPC), vous donne un coup de pouce. Avec des oeuvres qui remettent en cause le mythe de la transparence politique et médiatique, le visiteur est amené à se questionner sur la véracité du monde qui l’entoure. Un projet vendeur et séduisant.

Dès le début de l'exposition, le visiteur est sensibilisé aux rites d'initiation avec diverses oeuvres. Crédit photo : Matthew_Ronay (c)
Elles se nomment Franc-maçonnerie, WikiLeaks ou Camorra. Elles n’ont à priori rien en commun, et pourtant. Elles fuient toutes les lumières médiatiques, pour préserver leurs secrets.
De la photo inversée de George W. Bush par Jonathan Horowitz, à la référence aux Dark Angels de Dan Attoe, l’exposition « Société secrètes » met en avant le travail d’une cinquantaine d’artistes internationaux, qui s’interrogent sur l’implication de ce type d’organisations dans le monde contemporain. Une présentation bien ficelée, qui ne cesse de jouer avec les messages subliminaux et leurs multiples interprétations .

Marteau de maître. Crédit photo : F. Deval, mairie de Bordeaux.
Pénétrer dans les entrailles du Temple
Imaginez une exposition où l’entrée se ferait par des portes dérobées, indiquées par des symboles templiers. Le commencement d’une route initiatique sur deux étages où le visiteur joue un rôle central. Celui d’un profane, qui, au fil des minutes apprend les codes et les secrets transmis par des peintures, des œuvres conceptuelles ou des court-métrages déstabilisants.
Bienvenue dans le mystérieux temple de « Sociétés secrètes »! Un projet né à la Shirn Kunsthalle de Francfort, que les commissaires Cristina Ricupero et Alexis Vaillant, ont dû réadapter à l’architecture très singulière de l’entrepôt bordelais du CAPC.
Un rez-de-chaussée lugubre, sombre et captivant. Un deuxième étage lumineux et suggestif : le visiteur s’élève physiquement et spirituellement, jusqu’à devenir un illuminati. Désormais il sait que le monde qu’il pensait connaître n’était qu’une illusion. C’est efficace. Sensoriel. Déboussolant.
A tel point qu’après plus d’une heure de visite, il est peu facile d’avoir un avis tranché. Difficile d’avoir tout saisi, même avec une certaine culture en symbologie et en art contemporain. L’essentiel est ailleurs. Comme l’affirme Alexis Vaillant , « Sociétés secrètes » propose « une expérience plutôt qu’une révélation« .
Attirer les geeks comme les retraités !
Avec un tel concept, les responsables de l’exposition visent large. En plus du public traditionnel, ils espèrent attirer des visiteurs interressés par le symbolisme et le conspirationnisme.
Des thématiques très à la mode dans la presse, le cinéma et sur le web. A l’heure où les interprétations maçonniques des clips de Lady Gaga ou Jay-Z donnent lieu à des millions de clics sur internet, le pari semble justifié.
Léo Correa, chargé d’accueil du CAPC le confirme: « Bien avant le 9 novembre, de nombreuses personnes nous demandaient l’exposition. L’effet d’attente était très important. Depuis l’ouverture cette tendance se confirme. Beaucoup de gens ne viennent que pour voir cet évènement.«

Le deuxième étage, les murs blancs et la révélation des secrets. Crédit photo : F. Deval, mairie de Bordeaux.
Telle une locomotive de luxe, « Sociétés secrètes » se doit donc de booster la fréquentation du musée de manière conséquente. Sylvie Barrère, responsable du département des publics, espère même un véritable « buzz » et mise sur une fourchette de 15 000 à 20 000 visiteurs au CAPC, d’ici le 26 février 2012.
Avec cette exposition, le choix des commissaires semble d’ores et déjà très judicieux. Tout semble en route pour que ce projet aux teintes occultes, connaisse un grand succès. D’autant plus que les médias locaux et nationaux montrent clairement leur intérêt pour l’évènement.
Encore faut-il, leur faire confiance…
Cyril Domanico
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